Le Carnaval de Guadeloupe est bien plus qu'une simple fête, c'est une institution culturelle qui incarne l'histoire, l'identité et la créativité de l'archipel. Vibrant au rythme des tambours et des défilés colorés, il est un événement incontournable pour les locaux comme pour les visiteurs.

Un héritage historique et culturel

Le carnaval guadeloupéen tire ses origines du mélange complexe des traditions européennes des colons et des coutumes africaines des esclaves au XVIIe siècle. Initialement introduit par les colons avant le Carême, il a évolué pour devenir un espace de liberté et de satire où les esclaves pouvaient se moquer de leurs maîtres sans crainte de représailles. Au fil du temps, après l'abolition de l'esclavage, ces deux mondes festifs ont fusionné, donnant naissance au carnaval tel qu'on le connaît aujourd'hui, un véritable "melting-pot" culturel.

Une saison de festivités

Le carnaval en Guadeloupe ne se limite pas à quelques jours de fête. Il s'étend sur près de deux mois, du premier dimanche de janvier (l'Épiphanie) jusqu'au Mercredi des Cendres. Chaque semaine est rythmée par des événements majeurs dans les différentes communes de l'archipel, avec des parades, des déboulés et des concours de groupes carnavalesques.

Les temps forts de la saison sont les "jours gras" :

Dimanche Gras : Il marque le début de la grande ferveur avec un défilé de groupes carnavalesques.

Lundi Gras : Ce jour est souvent marqué par des traditions insolites comme le "Lévé Pyjama" (un défilé matinal en pyjama) ou les "mariages burlesques" où les hommes se déguisent en femmes et vice-versa, dans une cérémonie parodique pleine de rires et de satire sociale.

Mardi Gras : C'est l'apogée du carnaval avec la "Grande Parade" qui prend traditionnellement place dans les rues escarpées de Basse-Terre. C'est l'occasion d'admirer les costumes les plus élaborés et les chars les plus impressionnants.

Mercredi des Cendres : Il marque la fin des festivités. Vaval, le roi du carnaval, est incinéré, symbolisant la fin de la période de folie et le début du Carême. Les participants se vêtissent alors de noir et de blanc en signe de deuil.

Les différents groupes carnavalesques

La diversité et la richesse du carnaval guadeloupéen résident dans ses groupes, chacun avec son style et ses instruments. On distingue principalement :

Les groupes à peau ("Mas a Po") : Ils sont l'âme brute du carnaval. Nés dans un contexte de revendication culturelle, ces groupes se distinguent par l'utilisation de tambours fabriqués avec des peaux de cabris. Leurs défilés, appelés "déboulés", sont souvent spontanés et le public est invité à les suivre. Parmi les plus connus, on trouve Akiyo et Voukoum.

Les groupes à caisse claire : Plus structurés, ces groupes utilisent des instruments variés comme les caisses claires, les steel pans et des tambours. Ils préparent des chorégraphies élaborées et défilent avec des chars souvent très décorés sur un thème précis.

Les groupes à "mass" : Nés plus récemment, ces groupes se caractérisent par des masques exagérés et des costumes éclatants. Leurs performances sont souvent une satire de l'actualité, apportant une touche d'humour et de décalage au carnaval.

Les groupes à "synthé" : Utilisant des camions équipés de systèmes de sonorisation, ils transforment les rues en pistes de danse géantes en diffusant une musique entraînante qui invite tout le monde à participer.